L'arthrose du genou, également appelée gonarthrose, représente l'une des pathologies articulaires les plus répandues à travers le monde. Cette affection dégénérative touche des millions de personnes et peut significativement altérer leur qualité de vie, limitant progressivement leur mobilité et leur autonomie.
Heureusement, il existe aujourd’hui de nombreuses techniques thérapeutiques et stratégies préventives pour gérer efficacement cette maladie chronique. Cet article vous propose une exploration approfondie de tous les aspects de cette maladie, des mécanismes physiopathologiques aux dernières avancées thérapeutiques.
Comprendre l'arthrose du genou
L'arthrose du genou se caractérise par une dégradation progressive du cartilage articulaire qui recouvre les extrémités osseuses au niveau de l'articulation. Cette usure s'accompagne souvent d'une inflammation de la membrane synoviale, d'une sclérose de l'os sous-chondral et de la formation d'excroissances osseuses appelées ostéophytes. Au fil du temps, cette détérioration entraîne un frottement direct entre les os, source de douleurs et d'une mobilité réduite. L'arthrose affecte généralement l'ensemble de l'articulation, y compris les ménisques, les ligaments et la capsule articulaire, conduisant à un dysfonctionnement global du genou.
Quels sont les différents types d’arthrose du genou ?
Arthrose fémoro-tibiale (uni-compartimentale)
C'est le type le plus courant d'arthrose du genou. Elle affecte l'articulation entre le fémur (os de la cuisse) et le tibia (os de la jambe). Ce type d'arthrose peut être soit médiale (arthrose fémoro-tibiale interne), lorsque l'usure se situe sur la partie intérieure du genou, soit latérale (arthrose fémoro-tibiale externe), lorsque l'usure se trouve sur la partie extérieure du genou.
Ce type d’arthrose est souvent lié à des déformations du genou, telles que le genu varum (jambes arquées) ou le genu valgum (jambes en X).
Arthrose fémoro-patellaire
Ce type d'arthrose concerne l'articulation entre le fémur et la rotule (patella). Elle affecte principalement la zone située à l'avant du genou. Cette forme d'arthrose est souvent due à une mauvaise répartition des forces sur la rotule, pouvant résulter de problèmes d'alignement ou de dysfonctionnements musculaires autour du genou.
Arthrose bi-compartimentale
L'arthrose bi-compartimentale touche à la fois le compartiment de l'articulation médial et latéral. Cela signifie que deux des trois compartiments du genou sont affectés par l'usure. Elle peut entraîner une raideur importante et une limitation des mouvements du genou.
Arthrose tri-compartimentale
L'arthrose tri-compartimentale est une forme plus avancée de la gonarthrose, où les trois compartiments du genou sont touchés :
- Le compartiment médial
- Le compartiment latéral
- Le compartiment fémoro-patellaire
Ce type d'arthrose entraîne une douleur généralisée au niveau du genou, ainsi qu'une raideur sévère et une limitation marquée de la mobilité. C'est souvent une indication pour envisager une intervention chirurgicale, comme une prothèse totale de genou.
Ces différentes formes d'arthrose peuvent varier en intensité et en localisation des douleurs, ainsi qu'en termes de traitement nécessaire. Une évaluation précise par un professionnel de santé est cruciale pour déterminer le type d'arthrose et adapter le traitement (médical, orthopédique ou chirurgical).
Les manifestations cliniques de l'arthrose du genou
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Douleurs ❤️
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Raideur
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Oedème et gonflement
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Déformation : jambes en arc ou en ❌
Les symptômes de l'arthrose du genou s'installent généralement de façon insidieuse et évoluent progressivement. La douleur constitue le premier symptôme de cette affection. Elle se manifeste d’abord lors des mouvements, particulièrement pendant la marche, la montée et la descente des escaliers, ou après une station debout prolongée. Avec l'évolution de la maladie, cette douleur peut devenir permanente et perturber le sommeil.
La raideur articulaire représente une autre manifestation typique, surtout présente au réveil ou après une période d'inactivité prolongée. Cette sensation d'enraidissement s'estompe généralement après quelques minutes de mobilisation.
Les patients rapportent fréquemment des sensations de craquements ou de crépitements lors des mouvements du genou, signes du frottement entre les surfaces articulaires endommagées.
Le gonflement articulaire survient lors des poussées inflammatoires, traduisant l'accumulation de liquide synovial en excès. La mobilité du genou se trouve progressivement restreinte, avec une difficulté croissante à plier ou étendre complètement l'articulation.
Dans les stades avancés, une instabilité articulaire peut s'installer, donnant l'impression que le genou va se dérober lors de la marche. Enfin, des déformations visibles peuvent apparaître, comme un genu varum (jambes arquées) ou un genu valgum (genoux en X), témoignant d'une usure asymétrique de l'articulation.
Les facteurs à l'origine de l'arthrose du genou
L'arthrose du genou résulte de l'interaction complexe entre plusieurs facteurs de risque.
Facteurs non modifiables |
Facteurs modifiables |
Âge (> 50 ans) |
Surpoids ou obésité ⚖️ |
Sexe féminin (post-ménopause) |
Sports à impacts (foot, basket…) |
Hérédité (terrain familial) |
Blessures anciennes (entorses, fractures) |
Malformations (genu varum…) |
Métiers physiques, positions agenouillées |
Le vieillissement constitue le facteur principal, avec une prévalence qui augmente significativement après 50 ans. Ce phénomène s'explique par la diminution des capacités de régénération du cartilage avec l'âge et par l'accumulation des microtraumatismes au fil des années. Les femmes sont plus fréquemment touchées que les hommes, particulièrement après la ménopause, suggérant une influence hormonale dans le développement de cette pathologie.
La génétique joue également un rôle important. Les études familiales ont montré que l'hérédité pourrait expliquer jusqu'à 60% du risque de développer une arthrose du genou.
Le surpoids et l'obésité figurent parmi les facteurs de risque modifiables les plus significatifs. Chaque kilogramme excédentaire multiplie par quatre à cinq la pression exercée sur les genoux lors de la marche ou de la course, accélérant l'usure du cartilage.
Les traumatismes antérieurs, comme les fractures articulaires, les entorses graves ou les lésions méniscales, constituent des facteurs prédisposants majeurs. Ces blessures modifient la biomécanique normale de l'articulation et accélèrent la dégénérescence cartilagineuse. Certaines professions exposent davantage au risque d'arthrose du genou, notamment celles impliquant des positions agenouillées prolongées, le port de charges lourdes ou des mouvements répétitifs sollicitant fortement les genoux.
La pratique intensive de sports à fort impact comme la course sur route, le football ou le basketball peut également contribuer au développement précoce de l'arthrose.
Enfin, certaines anomalies anatomiques congénitales ou acquises, comme une dysplasie de la rotule ou un défaut d'alignement des membres inférieurs, peuvent favoriser une usure prématurée de l'articulation.
Le parcours diagnostique
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Examen clinique
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Radio ou IRM
Le diagnostic de l'arthrose du genou repose sur une approche méthodique combinant l'analyse des symptômes, l'examen clinique et les techniques d'imagerie médicale.
L'examen physique comprend l'inspection de l'articulation à la recherche de déformations, l'évaluation de la mobilité active et passive, la palpation des zones douloureuses et la recherche de crépitements. Les tests spécifiques permettent d'évaluer la stabilité ligamentaire et l'état des ménisques. L'examen s'étend aux articulations adjacentes et à la démarche du patient.
La radiographie standard demeure l'examen de référence pour confirmer le diagnostic. Elle permet de visualiser le pincement de l'interligne articulaire, reflétant la perte de cartilage, ainsi que les ostéophytes, la sclérose de l'os sous-chondral et les éventuels kystes osseux.
Dans certains cas, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) s'avère nécessaire pour apprécier l'état des tissus mous non visibles à la radiographie, comme les ménisques, les ligaments, la membrane synoviale et le cartilage lui-même. Elle peut mettre en évidence des lésions associées expliquant certains symptômes atypiques. L'échographie peut compléter le bilan, notamment pour visualiser un épanchement articulaire ou une bursite.
L'approche thérapeutique non médicamenteuse
Les approches non médicamenteuses constituent le socle fondamental du traitement.
Approche |
Objectif |
Kinésithérapie |
Renforcer muscles, améliorer proprioception |
Activité physique douce |
Stimuler articulation, limiter la raideur |
Perte de poids (si surcharge) ⚖️ |
Soulager la pression sur l’articulation |
Orthèses et semelles |
Décharger, améliorer la stabilité |
Thermo/Cryothérapie ❄️ |
Soulager douleur et inflammation |
La kinésithérapie occupe une place prépondérante dans cette stratégie. Elle vise à renforcer l'appareil musculaire stabilisateur du genou, notamment les quadriceps et les ischio-jambiers, à améliorer la proprioception et à maintenir ou restaurer l'amplitude articulaire. Le kinésithérapeute élabore un programme personnalisé comprenant des exercices isométriques (contraction des muscles en position statique), isotoniques (mouvements dynamiques, par ex les squats…) et proprioceptifs, adaptés à la sévérité de l'atteinte et aux capacités du patient. Des techniques manuelles comme les mobilisations articulaires douces ou le massage des tissus périarticulaires complètent cette approche.
L'activité physique régulière et adaptée joue un rôle crucial dans la gestion de l'arthrose. Les activités à faible impact comme la natation, l'aquagym, le vélo ou la marche nordique permettent d'entretenir la mobilité et la force musculaire sans surcharger l'articulation douloureuse. Ces exercices stimulent également la production de liquide synovial, favorisant la nutrition du cartilage. Il est recommandé de pratiquer au moins 30 minutes d'activité physique trois fois par semaine, en respectant le seuil douloureux et en augmentant progressivement l'intensité.
La perte de poids, chez les patients en surcharge pondérale, constitue l'une des mesures les plus efficaces. Une réduction de seulement 5% du poids corporel peut diminuer significativement les symptômes et ralentir la progression de l'arthrose. Cette démarche implique une approche diététique équilibrée, parfois supervisée par un nutritionniste, associée à une activité physique régulière.
Des aides techniques peuvent faciliter le quotidien et réduire la contrainte sur le genou atteint. Les orthèses de genou pour la gonarthrose, comme les genouillères proprioceptives ou les orthèses de décharge, soulagent la douleur et améliorent la stabilité. Elles permettent notamment de faciliter l’activité physique en évitant, limitant ou retardant le seuil de douleur. Des semelles orthopédiques sur mesure sont parfois prescrites pour corriger un défaut d'alignement des membres inférieurs, et des semelles de confort en silicone peuvent simplement améliorer l’amortissement des appuis et augmenter la sensation de décharge. L'utilisation d'une canne, tenue du côté opposé au genou douloureux, permet de décharger l'articulation jusqu'à 30%.
Les thérapies physiques complètent l'arsenal thérapeutique non médicamenteux. La thermothérapie (application de chaleur) soulage efficacement les raideurs et tensions musculaires, tandis que la cryothérapie (application de froid) réduit la douleur et l'inflammation lors des poussées aiguës. La balnéothérapie, combinant les effets de la chaleur, de la flottabilité et de la résistance de l'eau, permet une rééducation en décharge particulièrement adaptée aux arthroses évoluées ou douloureuses.
Les traitements médicamenteux : de l'antalgique simple aux biothérapies
L'approche pharmacologique de l'arthrose du genou vise principalement à contrôler la douleur et l'inflammation, améliorant ainsi la fonction articulaire et la qualité de vie.
Classe thérapeutique |
Quand les utiliser ? |
Antalgiques |
Douleurs légères à modérées |
Anti-inflammatoires (AINS), comprimé ou gel |
Poussées inflammatoires |
Infiltrations corticoïdes |
Soulagement rapide en crise |
Viscosupplémentation ⚙️ |
Lubrification, effet retardé |
AASAL |
Effet lent, en complément |
Le paracétamol demeure l'antalgique de première intention, recommandé à la posologie maximale de 3 grammes par jour chez l'adulte. Il présente l'avantage d'une bonne tolérance, même lors d'une utilisation prolongée, mais son efficacité s'avère parfois limitée dans les formes sévères.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) constituent la deuxième ligne de traitement lorsque le paracétamol s'avère insuffisant. Ils agissent en inhibant les enzymes cyclo-oxygénases (COX), responsables de la production de prostaglandines pro-inflammatoires. Les AINS conventionnels comme l'ibuprofène, le naproxène ou le diclofénac peuvent être prescrits par voie orale, à la dose minimale efficace et sur la durée la plus courte possible pour limiter les effets indésirables gastro-intestinaux, cardiovasculaires et rénaux. Les AINS topiques, sous forme de gel ou de crème (diclofénac, kétoprofène), constituent une alternative intéressante, avec une bonne pénétration locale et une moindre toxicité systémique.
En cas de poussée inflammatoire aiguë avec épanchement articulaire, les infiltrations de corticoïdes peuvent procurer un soulagement rapide et significatif. L'injection intra-articulaire de dérivés cortisoniques à action retard (cortivazol, triamcinolone, bétaméthasone) permet d'obtenir une concentration locale élevée tout en minimisant les effets systémiques. L'effet anti-inflammatoire puissant s'installe en 24 à 48 heures et peut persister plusieurs semaines. Cependant, le nombre d'infiltrations est généralement limité à trois par an pour éviter les complications locales comme l'atrophie cartilagineuse ou les infections.
La viscosupplémentation représente une option thérapeutique spécifique à l'arthrose. Elle consiste en l'injection intra-articulaire d'acide hyaluronique, composant naturel du liquide synovial dont les propriétés viscoélastiques favorisent la lubrification et l'amortissement des chocs. Différentes formulations existent, nécessitant une à trois injections selon les produits. L'effet antalgique s'installe progressivement et peut perdurer six à douze mois. Les études cliniques montrent une efficacité modérée mais réelle, particulièrement chez les patients présentant une arthrose légère à modérée.
Les anti-arthrosiques symptomatiques d'action lente (AASAL) comme la glucosamine, la chondroïtine sulfate ou la diacéréine constituent une solution thérapeutique controversée. Ces molécules, administrées par voie orale sur de longues périodes, visent à ralentir la dégradation du cartilage et à stimuler sa régénération. Bien que leur mécanisme d'action reste jugé insuffisant par la Haute Autorité de Santé, certaines études suggèrent un effet chondroprotecteur et une réduction modeste des symptômes. Leur prescription s'envisage généralement en complément des autres traitements, avec un bénéfice qui ne se manifeste qu'après plusieurs semaines.
Des approches plus récentes font l'objet de recherches actives. Les injections de plasma riche en plaquettes (PRP), obtenu à partir du sang du patient, apportent localement des facteurs de croissance susceptibles de favoriser la régénération tissulaire. Si certaines études cliniques montrent des résultats prometteurs, leur place exacte dans la stratégie thérapeutique reste à définir. De même, les injections de cellules souches mésenchymateuses représentent une voie de recherche encourageante dans le domaine de la médecine régénérative appliquée à l'arthrose.
La chirurgie de l'arthrose du genou : des techniques conservatrices à la prothèse totale
Lorsque les traitements conservateurs ne permettent plus de contrôler efficacement les symptômes et que la qualité de vie du patient est significativement altérée, la chirurgie peut être envisagée. L'arsenal chirurgical offre un éventail de solutions adaptées au stade de l'arthrose, à l'âge du patient et à ses attentes fonctionnelles.
L'arthroscopie thérapeutique, longtemps pratiquée dans l'arthrose, est aujourd'hui de moins en moins appliquée. Cette technique mini-invasive, qui consiste à introduire dans l'articulation une caméra et des instruments chirurgicaux via de petites incisions, permet de réaliser un lavage articulaire, un débridement (élimination des fragments cartilagineux libres) ou une régularisation méniscale. Les études récentes ont cependant démontré que son bénéfice n'était pas supérieur à celui d'un traitement médical bien conduit dans l'arthrose primitive. Elle conserve néanmoins un intérêt dans certains cas.
L'ostéotomie tibiale ou fémorale représente une intervention conservatrice particulièrement indiquée chez les patients jeunes (moins de 65 ans) présentant une arthrose unicompartimentale avec défaut d'alignement des membres inférieurs. Cette technique consiste à sectionner l'os pour modifier l'axe du membre, redistribuant ainsi les contraintes mécaniques du compartiment arthrosique vers le compartiment sain. L'ostéotomie de valgisation, la plus fréquente, corrige un genu varum en déchargeant le compartiment fémoro-tibial interne. La consolidation osseuse nécessite généralement six à huit semaines, durant lesquelles la rééducation progressive permet de récupérer mobilité et force musculaire. Cette intervention peut retarder la mise en place d'une prothèse de plusieurs années.
La prothèse unicompartimentale du genou (PUC) constitue une option intéressante pour les arthroses limitées à un seul compartiment fémoro-tibial, principalement interne. Elle consiste à remplacer uniquement les surfaces articulaires du compartiment atteint, préservant les ligaments croisés et les autres compartiments. Cette chirurgie, moins invasive qu'une prothèse totale, permet une récupération plus rapide.
La prothèse totale du genou (PTG) représente le traitement de référence des arthroses évoluées, pluricompartimentales ou associées à d'importantes déformations. Cette intervention majeure consiste à remplacer l'ensemble des surfaces articulaires par des implants métalliques et polyéthylène.
Différents types de prothèses existent, à contrainte mécanique variable selon l'état ligamentaire. Les prothèses à conservation du ligament croisé postérieur offrent un mouvement proche du genou naturel, tandis que les prothèses postéro-stabilisées compensent l'absence ou l'insuffisance de ce ligament. Des modèles à plateau mobile ou fixe sont disponibles, chacun présentant des avantages spécifiques. L'intervention, réalisée sous anesthésie générale ou rachidienne, dure environ une heure et nécessite une hospitalisation de quelques jours.
La rééducation post-opératoire, débutée dès le lendemain de l'intervention, constitue un élément déterminant du résultat fonctionnel. Elle vise la récupération progressive de la mobilité articulaire et le renforcement musculaire. La marche avec appui est généralement autorisée dès les premiers jours, avec une orthèse initialement. La récupération complète s'étend sur trois à six mois, avec un résultat fonctionnel satisfaisant dans plus de 90% des cas. La durée de vie moyenne d'une prothèse totale de genou atteint aujourd'hui 15 à 20 ans, avec d'excellents résultats à long terme.
Les complications potentielles incluent l'infection prothétique (moins de 1%), la thrombose veineuse profonde (prévenue par un traitement anticoagulant), la raideur articulaire et, plus rarement, l'instabilité ou le descellement des implants. Une surveillance régulière est recommandée pour détecter précocement ces complications.
Des innovations récentes comme la chirurgie robotique assistée par ordinateur ou les techniques de navigation permettent d'optimiser le positionnement des implants avec une précision millimétrique. Ces avancées technologiques, associées au développement de nouveaux matériaux et designs prothétiques, contribuent à améliorer continuellement les résultats fonctionnels et la longévité des prothèses.
Adopter une hygiène de vie adaptée
Au-delà des traitements médicaux et chirurgicaux, la gestion quotidienne de l'arthrose du genou implique des adaptations du mode de vie. Ces mesures simples mais efficaces permettent de préserver la fonction articulaire et de limiter la progression de la maladie.
L'aménagement du domicile mérite une attention particulière. Privilégier les chaises hautes munies d'accoudoirs facilite les transitions assis-debout en réduisant la contrainte sur les genoux. L'installation de barres d'appui dans les sanitaires et la suppression des obstacles au sol comme les tapis ou les seuils surélevés préviennent les chutes et facilitent les déplacements. Une douche à l'italienne se révèle plus accessible qu'une baignoire traditionnelle.
Les habitudes quotidiennes gagnent à être adaptées. Éviter les stations debout prolongées, intercaler des périodes de repos lors d'activités contraignantes pour les genoux, répartir les tâches ménagères sur plusieurs jours constituent des stratégies efficaces. Le port de charges lourdes sollicite intensément l'articulation et doit être limité.
Le choix des chaussures influence directement la biomécanique du genou lors de la marche. Des semelles souples et amortissantes absorbent les chocs et réduisent les contraintes articulaires. Les talons hauts, déconseillés, augmentent significativement la pression sur le compartiment fémoro-patellaire. Des chaussures stables, à semelle antidérapante et faciles à enfiler préviennent également les chutes, fréquentes chez les patients arthrosiques.
La gestion des poussées douloureuses fait appel à des méthodes simples et accessibles. L'application de froid (poche de glace enveloppée dans un linge) pendant 15 à 20 minutes plusieurs fois par jour diminue l'inflammation et engourdit la zone douloureuse. À distance des poussées douloureuses, la chaleur (bouillotte, coussin chauffant) détend les muscles péri articulaires et soulage les raideurs.
La prévention : anticiper pour préserver la fonction articulaire
La prévention de l'arthrose du genou s'articule autour de plusieurs axes complémentaires visant à préserver l'intégrité articulaire et à ralentir les mécanismes dégénératifs. Cette démarche préventive s'adresse particulièrement aux personnes présentant des facteurs de risque identifiés.
✅ Bons réflexes préventifs
Action à adopter |
Pourquoi ? |
Garder un poids adapté |
Diminue la charge articulaire |
Muscler les jambes |
Protège le genou des chocs |
Pratiquer une activité régulière |
Entretenez souplesse et force |
Éviter les sports traumatisants |
Moins de microtraumatismes |
Corriger les désalignements |
Prévenir l’usure prématurée |
Le contrôle du poids corporel constitue la mesure préventive la plus efficace. Cette démarche associe une alimentation équilibrée, privilégiant les fruits, légumes, poissons gras (riches en oméga-3 aux propriétés anti-inflammatoires) et limitant les aliments transformés riches en sucres raffinés et graisses saturées, à une activité physique régulière.
Le renforcement musculaire ciblé des quadriceps et ischio-jambiers améliore la stabilité dynamique du genou et absorbe une partie des contraintes mécaniques. Des exercices simples, réalisés régulièrement à domicile, comme les extensions de jambe en position assise ou les contractions isométriques du quadriceps, contribuent efficacement à ce renforcement.
La pratique d'une activité sportive adaptée participe doublement à la prévention : elle favorise le contrôle du poids et entretient la fonction musculo-articulaire. Les sports à faible impact comme la natation, le vélo, la marche nordique ou le tai-chi présentent un excellent rapport bénéfice/risque. À l'inverse, les sports impliquant des impacts répétés, des changements brusques de direction ou des torsions importantes (football, tennis, basketball) exposent à un risque accru de lésions traumatiques et d'arthrose précoce.
La prévention des traumatismes articulaires, facteurs majeurs d'arthrose secondaire, passe par l'apprentissage de techniques gestuelles adaptées, tant dans les activités sportives que professionnelles. Le port d'équipements de protection lors d'activités à risque (genouillères), l'échauffement préalable et la progression graduelle dans l'intensité de l'effort réduisent significativement le risque lésionnel. Dans le cadre professionnel, l'ergonomie du poste de travail et l'adaptation des techniques de manutention limitent les contraintes excessives sur les genoux.
La correction précoce des anomalies d'alignement des membres inférieurs, comme le genu varum ou valgum prononcé, peut prévenir l'apparition d'une arthrose prématurée. Chez l'enfant et l'adolescent, cette correction passe parfois par le port de semelles orthopédiques ou, dans les cas sévères, par une intervention chirurgicale. Un bilan podologique et une analyse de la marche peuvent identifier ces anomalies et orienter la prise en charge préventive.
Approches complémentaires et innovations thérapeutiques
En complément des traitements conventionnels, certaines approches alternatives peuvent apporter un bénéfice symptomatique aux patients arthrosiques. Malgré l’absence de preuve scientifique établie ni reconnue par le corps médical, ces pratiques comportent peu de risques et méritent d’être évoquées.
L'acupuncture traditionnelle chinoise, en stimulant des points spécifiques le long des méridiens énergétiques, modulerait la perception douloureuse et réduirait l'inflammation locale. Plusieurs essais cliniques suggèrent une efficacité modérée mais significative sur la douleur arthrosique, particulièrement en association avec les traitements conventionnels.
La phytothérapie propose diverses plantes aux propriétés anti-inflammatoires et antalgiques. Le curcuma (Curcuma longa), dont le principe actif, la curcumine, inhibe plusieurs médiateurs de l'inflammation, a montré des résultats intéressants dans des études cliniques. L'harpagophytum (Harpagophytum procumbens), également appelé "griffe du diable", possède des propriétés anti-inflammatoires attribuées aux harpagosides qu'il contient. Le cassis (Ribes nigrum), riche en proanthocyanidines, présente également des propriétés anti-inflammatoires potentiellement bénéfiques.
Les techniques de relaxation et de gestion du stress comme la méditation de pleine conscience ou la sophrologie peuvent améliorer la perception de la douleur chronique et la qualité de vie des patients. Ces approches favorisent une meilleure gestion émotionnelle de la maladie chronique et réduisent le cercle vicieux douleur-tension musculaire-douleur. Le yoga thérapeutique et le tai-chi, adaptés aux capacités des patients arthrosiques, associent renforcement musculaire doux, assouplissement et techniques respiratoires bénéfiques.
La recherche sur l'arthrose connaît actuellement un dynamisme remarquable, avec plusieurs axes d'innovation thérapeutique. Les anticorps monoclonaux ciblant spécifiquement certains médiateurs de l'inflammation articulaire font l'objet d'essais cliniques. Ces biothérapies, déjà utilisées dans d'autres pathologies rhumatismales inflammatoires, pourraient trouver une place dans le traitement de certaines formes d'arthrose à composante inflammatoire prédominante.
Dans le domaine chirurgical, le développement d'implants "sur mesure" réalisés grâce à l'impression 3D à partir de l'imagerie du patient représente une avancée significative. Ces prothèses personnalisées permettraient une meilleure restauration de l'anatomie individuelle et potentiellement une longévité accrue. Les techniques de navigation peropératoire et la chirurgie robotisée améliorent continuellement la précision du geste chirurgical.
La recherche fondamentale explore également les mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans la dégénérescence du cartilage. L'identification de biomarqueurs spécifiques pourrait permettre un diagnostic plus précoce et un suivi plus précis de l'évolution de la maladie. La compréhension approfondie des voies métaboliques impliquées ouvre la voie à de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.